Chronique N°28 Quels sont les avantages du « DRY JANUARY » ?
JMT :
Bonjour à toutes et à tous, bienvenus dans « ADDICTO » animé par la Santé de la Famille et Jean-Michel, la chronique dans laquelle on parle des ADDICTIONS sur Radio Active FM.
Nous vous retrouvons pour cette 28ème chronique « ADDICTO ».
Vous pouvez nous retrouver en Podcast sur la page Facebook de RadioActive FM.fr et sur le Site Santé de la Famille.fr ainsi que sur la page Facebook de la Santé de la Famille.
Nous voici donc réunis pour une nouvelle chronique Addicto sur Radio Active FM.
Aujourd’hui c’est le Docteur Dominique ERNOUF que j’accueille, il est adhérent de la Santé de la Famille au Comité Centre Val de Loire et vient pour notre 28ème intervention.
Bonjour Dominique.
DOMINIQUE :
Bonjour Jean-Michel, bonjour à tous amis auditeurs.
JMT :
Dominique, dans une précédente chronique nous avons lancé l’idée de suivre le Défi de Janvier aux auditeurs. Pourrais-tu nous parler des intérêts à suivre ce Défi et nous rappeler d’où vient cette idée ?
DOMINIQUE :
Historique – définition …petit baratin par Dominique
« Janvier sec » en Angleterre défini en septembre 2013
Mieux appelé en France « Défi de Janvier » ou « Janvier sobre » 2020
Le but est de limiter sa consommation d’alcool pendant un mois, si possible de l’arrêter…sans la reprendre.
JMT :
Question : Dominique dans un premier temps que peut ressentir un sujet lors d’un janvier sobre ?
DOMINIQUE :
La consommation d’alcool, même à des doses considérées souvent comme faibles est délétère pour la santé. Il est évident que l’importance de cette consommation et sa chronicité ou non vont conditionner les effets néfastes. Nous ne décrirons pas ici ces effets, ce n’est pas le but de cet entretien, mais nous allons donner les grandes lignes de leurs diminutions lors de l’abstinence ou d’une consommation moindre.
Sur le plan somatique, c’est-à-dire du corps
Il est évident que sans alcool, l’état « général » du sujet va s’améliorer, meilleure forme, moins de fatigue, meilleur concentration, retour vers un meilleur cadre de vie avec probablement une perte de poids, l’alcool étant très calorique, haleine moins chargée… . Un paramètre intéressant peut-être probablement plus les femmes est un retour progressif vers une meilleure mine, un meilleur teint. J’insisterai sur le sommeil. Il est vrai que l’alcool peut faciliter l’apparition du sommeil, il est utilisé par certains comme hypnotique. Mais, avec le temps, il altère sa structure, indispensable à un bon sommeil, et le fragmente. L’alcool diminue le sommeil profond, qui permet la récupération physique et augmente le sommeil paradoxal en le modifiant, c’est la récupération psychologique qui est perturbée. Il est noté également modification de la respiration qui est corrélée à des épisodes d’hypoventilation. Lorsque l’alcoolémie, pendant la nuit, diminue va survenir une période de sevrage plus ou moins intense, avec souvent réveil et difficulté de ré-endormissement, le cerveau est hyper stimulé. Pour essayer de retrouver un semblant de sommeil « normal », les consommateurs associent souvent alcool et médicaments « sédatifs » (anxiolytiques ou hypnotiques). Je ne vais pas détailler ceci car, Jean-Michel, je crois que nous en reparlerons dans un prochain entretien.
En cas d’arrêt d’une alcoolisation, la nature du sommeil perturbé est réversible ce qui bien sûr n’est pas immédiat mais permet à terme de ne plus associer des médicaments et de retrouver un sommeil plus physiologique donc plus réparateur.
JMT :
Dominique, que faire de tout ça concrètement ?
DOMINIQUE :
On peut déjà dire que tout arrêt ou diminution des quantités d’alcool consommées ne peut être que très bénéfique. Je vais mettre à part le malade addict, dépendant qui ne pourra pas s’arrêter seul, sans un encadrement médical et psychologique. Celui-là ne pourra pas boire le 31 décembre et ne plus consommer à partir du 1er janvier, sans aide. Pour les autres types de consommations, les arrêts sont possibles de façons plus ou moins compliquées. Le faire seul est envisageable mais pas facile, le mieux est de s’insérer dans un groupe, peut être celui avec lequel beaucoup de consommations sont habituelles…apéros, repas…, et d’enclencher un défi commun. Le jus de tomates peut remplacer le whisky…. De toute façon, sans avoir un comportement policier, cela permettra à chacun de réellement prendre conscience des quantités consommées, sans tricher si possible. Le but sera d’arrêter la consommation ou d’entrer dans la consommation maximale de 2 verres /j avec une pose de 1 ou 2 jours par semaines. Le fait de ne pas pouvoir s’abstenir de consommer pendant 1 ou 2 jours consécutifs est pratiquement synonyme d’une dépendance. Il faut éviter les boissons dites sans alcool qui permettent de garder un contact gustatif avec les boissons initiales...
En fait ce Janvier sobre est une tentative de prise de conscience de sa consommation et d’essayer, si elle ne l’est pas, de la réduire à la limite admise maintenant, pas plus de 2 verres par jour avec 1 ou 2 jours de pose/semaine.
JMT :
Est-ce qu’il y a une différence entre les verres, 1 verre de vin rouge est-il plus favorable qu’1 de whisky ou d’anisette.
DOMINIQUE :
Non tous les verres standards ont la même quantité d’alcool 10 g cf. dosette, mais les verres servis à domicile dépassent souvent la notion de verre standard.
JMT :
Comment peut-on savoir que l’on fait bien, que c’est utile ?
DOMINIQUE :
Il faut savoir que la consommation d’alcool est la plupart du temps une consommation chronique qui va de la prise d’un demi-verre de rouge avec le fromage à une consommation beaucoup plus importante de n’importe quel alcool. Donc vous imaginez bien que les règles et les conséquences du Janvier sobre seront différentes. J’ai personnellement en horreur le terme « à consommer avec modération » car la modération peut varier d’un sujet à un autre notamment en fonction des quantités consommées
Il est possible de visualiser une partie des résultats avec les paramètres biologiques classiques qui sont modifiés dans les consommations excessives chroniques.
JMT :
Lesquels ?
DOMINIQUE :
La Gamma GT bien sûr (<40 UI/L) et le Volume globulaire moyen (80-100 µ3 ou fL)
Les transaminases ou aminotransférases, ASAT et ALAT (<40 UI/L)
Ces marqueurs, s’ils sont élevés peuvent être utiles mais doivent être interprétés à la lumière d’autres facteurs pouvant modifier ces valeurs (médicaments, maladies du foie ou du sang), donc assez peu spécifiques. Sans alcool leurs décroissances sont lentes. Le taux de la Gamma GT par exemple ne diminue de moitié qu’après une quinzaine de jour d’abstinence.
JMT :
On parle parfois de la CDT, c’est quoi ?
DOMINIQUE :
La CDT ou transferrine désialylée (<1,7 %) est le marqueur biologique le plus spécifique car seul l’alcool peut augmenter sa valeur (remise du permis de conduire permis de conduire). En revanche, sa décroissance est également lente, quinze à trente jours pour une diminution de moitié.
Certains paramètres lipidiques peuvent être modifiés par l’arrêt ou une diminution importante de la consommation d’alcool.
JMT :
Lesquels ?
DOMINIQUE :
…Cholestérol, HDL, LDL, Triglycérides, ce sont des dosages qui sont fréquemment faits dans les bilans biologiques sanguins.
Concernant l’alcool ce sont les triglycérides (TG) qui peuvent être intéressants et le HDLc
JMT :
C’est quoi les triglycérides ?
DOMINIQUE :
Ils sont une forme de réserve énergétique de notre organisme et sont stockés dans les cellules lipidiques. L’alcool en excès apporte des calories (# 70 kcal/verre standard ou bistrot), augmente la formation des TG et diminue leur dégradation. Ceci augmente leur concentration sanguine et leur dépôt dans les cellules lipidiques = cellules adipeuses ou « grasses », d’où une augmentation de poids (durillon de comptoir). De plus la prise d’alcool va souvent avec une alimentation riche en graisse.
Anecdote : [Sans vous embêter avec les valeurs normales des TG dans le sang, sachez qu’elles sont < 1,50 g/L. Lorsque j’étais plus jeune, j’ai travaillé au laboratoire d’analyse médicale du CHU de Tours et j’ai vu un taux de TG frôlant les 60 g/L chez un éthylique chronique]
JMT :
Pour le cholestérol, que ce passe-t-il ?
DOMINIQUE :
Pour le cholestérol, les choses sont un peu plus compliquées, notamment en fonction de ses 2 formes classiques, le HDLc ou « bon » cholestérol et le LDLc ou « mauvais » cholestérol. En 1981 a été décrite une notion que beaucoup d’entre vous doivent se rappeler : « le French Paradox » qui disait qu’une faible consommation de vin rouge avait un effet protecteur sur la mortalité cardiovasculaire. Il a été démontré qu’une telle prise augmentait de façon notable le HDLc et diminuait un peu le LDLc. L’effet « bénéfique » était de plus expliqué par le rôle antiagrégant des plaquettes, une légère diminution du fibrinogène et le pouvoir anti-oxydant du resvératrol du seul vin rouge…. . Cette notion est actuellement contre-versée. L’arrêt de l’alcool pourrait donc être défavorable sur ce point (??? plus d’explications possibles mais utiles ???).
Les baisses des examens biologiques que nous avons décrits sont des preuves tangibles mais ne doivent pas être réalisées pour le seul plaisir de visionner ces baisses. On peut attendre un examen demandé pour une pathologie quelconque pour le faire. Leurs retours vers les valeurs normales font toujours plaisir mais ne doivent pas être le seul souci du sujet testé. Sans alcool, les retours à la normale de ces paramètres physiques ou biologiques ne sont pas immédiats, car les consommations ont été chroniques, donc il faut un minimum de patience.
JMT :
Alors Dominique, rentrer dans la dynamique d’un janvier sobre est-ce utile, voir facile ?
DOMINIQUE :
Jean-Michel facile ce n’est probablement pas souvent le cas, mais cela dépend de l’importance des alcoolisations préalables et de la motivation du sujet.
Utile, oui, c’est une évidence.
Le premier point que nous avons déjà souligné est une visualisation objective de sa consommation journalière ou hebdomadaire d’alcool. Le nombre de verres bus est facile à noter en regard de celui avant l’entrée en Janvier sobre. La possibilité ou non de pouvoir s’arrêter de consommer pendant 1 ou 2 jours est un argument de poids en regard de la probabilité d’une dépendance.
Évidemment le succès du défi de janvier passe par une diminution (ou un arrêt ?) des quantités consommées avec à terme le maintien de consommations moins importante qu’avant, rappelons les conseils qui en fait sont impératifs : pas plus de 2 verres par jour avec 1 ou 2 j/semaine sans alcoolisation (ne pas garder ses 10 verres hebdomadaires pour la soirée du samedi).
JMT :
Merci Dominique pour cet éclairage sur l’intérêt du Défi de Janvier sur le plan biologique ou d’une consommation très raisonnée de l’alcool.
Merci également à Vincent qui était à la technique…
Vous pourrez réécouter cette émission en Podcast sur la Page Facebook de Radio Active FM.FR et sur le Site Santé de la Famille.fr ainsi que sur notre page Facebook.
Au revoir…
DOMINIQUE :
Merci Jean-Michel, au revoir à tous.